mardi 30 août 2005

Errata-taboum !

Retour douloureux à la réalité après quelques jours passés hors de portée des courriels estudiantins :

Bonjour Mr Kaser, je suis Prénom Nom l'étudiant que vous aviez appellé et qui avait oublié de vous rendre le dossier sur l'xxxxxx de la Chine.
Donc il est fait, je vous écris donc pour savoir quand puis-je venir vous le remettre?
Une autre question, je dois me présenter à un examens pour le rattrapage, et c'était pour savoir si la semaine de rattrapage commence à partir du premier lundi de septembre? Evidemment impossible de savoir ce renseignement de base sur le site de l'université...


Cette dernière affirmation est "évidemment" erronée, et après une "dernière question" portant sur les modalités de passage d'une première année en une deuxième année de Licence, question finement agrémentée de la formule "Pourriez vous m'éclairer?" - ce que je ne suis pas en mesure de faire !-, l'étudiant ajoute un "Merci pour votre patience" tout à fait adapté à la situation.

A la lourdeur coutumière de ces interventions intempestives, s'ajoute dans le deuxième mail (comme le premier reproduit tel quel), l'expression d'une hargne vieille d'un bon mois - d'autres s'étaient manifestés fin juillet avec la même maladresse.

Bonjour Monsieur, Je suis Nom Prénom,étudiante en XXX année XXX (2004/2005).
Je vous écris car j'ai reçu mon relevé de notes le mois dernier et qu'il s'y est produit une erreur!
En effet, il y a écrit "absence injustifiée" à la place de ma note en xxx xxx alors que je vous avais présenté mon dossier!!! Alors,je ne comprends pas ... Si c'était si mauvais que ça,il fallait le dire! Ou alors,il fallait me mettre la note que je méritais (peu importe que ça aille de 0 à 20!!!)car à cause de ça,je valide pas mon U E! La Fac reouvrant la semaine prochaine, j'aurais aimé obtenir un rendez-vous avec vous afin d'en discuter.
Vous pouvez me répondre par mail ou me joindre au 06. XX.XX.XX.
Merci d'avance.A très bientôt

Jugez de mon impatience à mettre des visages sur des noms qui n'évoquent plus grand chose après presque trois mois de congé et ... à corriger les copies de la deuxième session d'examens : je m'engage à en faire profiter tout le monde !

Voici, en complément, le courrier reçu le 5 septembre qui fait suite à ma réponse au deuxième mail :

Monsieur,
J'ai bien reçu votre réponse en date du 29/08/05 et vous demande de bien vouloir m'excuser quant à mes propos trop libres mais vous comprendrez ma désagréable surprise quant à la note reçue alors que, comme vous le savez, j'étais bien présente à cette épruve ; ma signature sur la feuille de présence en étant la preuve écrite.
Je vous remercie d'ores et déjà de votre diligeance quant à régulariser ce problème.

No comment !

lundi 29 août 2005

WSB speaking

William S. Burroughs (5 février 1914-2 août 1997) : “I think all writers write for an audience. There is no such thing as writing for yourself. Only they never find out who the audience is. When you find out who you are writing for I think you stop writing.” Extrait d’une lettre adressée à Allen Ginsberg depuis Mexico, le 6 octobre 1952. [The Letters of William S. Burroughs. 1945 to 1959. Oliver HARRIS (ed.), London : Picador, (1993) 1994, p. 138].



Le film : William S. Burroughs reads Thanksgiving Prayer.

samedi 13 août 2005

Schlafen, Schlafen

Du 4 au 5 août, nouvelle pause viennoise alors que le sommet est déjà en vue (= plus qu'un chapitre à boucler !) avec, bis repetita, Arthur Schnitzler. Cette fois c'est sa "Fräulein Else" (1924) qui est mise à contribution. Toujours la même jubilation à lire cet auteur avec un œil rivé sur une version originale tellement supérieure à la traduction de Henri Christophe (Le Livre de Poche, "Biblio", 1993), livrée qui plus est sans une seule note et aucune indication du type "en français dans le texte" comme cela aurait pu être fait page 45 pour le passage suivant :

- »Sie müßten keine Frau sein, Else, wenn Sie es nicht gemerkt hätten. Je vous désire.« - Er hätte es auch deutsch sagen können, der Herr Vicomte.

qui devient :

- " Vous ne seriez pas femme, Else, si vous ne vous en étiez pas aperçue. Je vous désire." Il aurait pu le dire en allemand, ça, ce bon vicomte.

Pour les amateurs de belle diction allemande, la fin d'une lecture publique de la nouvelle - en tout 30 mn -, est accessible sur le site du Court Theatre de Chicago.
Cela commence par "Qui joue si bien ? Chopin ? Non, Schumann." (p. 76 de la traduction). Plus loin, on apprend qu'il s'agit du Carnaval de Schumann dont trois extraits de la partition sont dûment reproduits. C'est Edith Clever (Cf photo ci-contre) qui interprète le texte de Schnitzler dans une mise en scène de Hans Jürgen Syberberg.

Voici, juste pour mémoire, voici la dernière page dans la version allemande :

»Else!« . . .
Was ist denn das? Ein ganzer Chor? Und Orgel auch? Ich singe mit. Was ist es denn für ein Lied? Alle singen mit. Die Wälder auch und die Berge und die Sterne. Nie habe ich etwas so Schönes gehört. Noch nie habe ich eine so helle Nacht gesehen. Gib mir die Hand, Papa. Wir fliegen zusammen. So schön ist die Welt, wenn man fliegen kann. Küss' mir doch nicht die Hand. Ich bin ja dein Kind, Papa.
»Else! Else!«
Sie rufen von so weit! Was wollt Ihr denn? Nicht wecken. Ich schlafe ja so gut. Morgen früh. Ich träume und fliege. Ich fliege . . . fliege . . . fliege . . . schlafe und träume . . . und fliege . . . nicht wecken . . . morgen früh . . .
»El . . .«
Ich fliege . . . ich träume . . . ich schlafe . . . ich träu . . . träu – ich flie . . . . . .


Ces derniers échos de la voix de la belle Else m'ont rappelé un beau lied d'Alban Berg ("Dem Schmerz sein Recht" ("A la douleur son droit") qui est le premier des Vier Lieder de son opus 2 pour piano et soprano, créé en 1910, mais datant de 1908 et 1909) composé sur un poème de Friedrich Hebbel (1813-1863) :

Schlafen, schlafen, Nichts als schlafen ! / Kein Erwachen, keinen Traum ! / Jener Wehen, die mich trafen, / Leisestes Erinnern kaum. / Daß ich, wenn des Lebens Fülle / Nieder klingt in meine Ruh', / Nur noch tiefer mich verhülle, / Fester zu die Augen tu !

Supplément du 20-08-2005 : Ouf une traduction

Dormir, dormir, rien que dormir ! / Pas de réveil, pas de rêve ! / Des malheurs, qui m'ont frappé, / Qu'à peine, à peine il me souvienne / De sorte que, lorsque la plénitude de la vie / Gronde sur mon repos / Plus profondément encore je me cache / Plus fort encore je ferme les yeux !

Je la trouve à Angoulême où je suis de passage, dans le livre que Dominique Jameux avait consacré à Berg dans la collection "Solfèges" (n° 38, Seuil, 1980) et qui m'avait occupé pendant un séjour à l'hôtipal suite à un virage manqué, voici .... 20 ans ! Pas loin des rayons de livres laissés de côté depuis si longtemps, mes précieux 33 tours de cette lointaine époque, avec deux versions le l'opus 2, l'une magnifiquement chantée par Heather Harper (EMI), l'autre massacrée par Erika Sziklay ("à éviter", comme dit DJ, op.cit., p. 184).