mardi 4 octobre 2005

Happy Birthday M. Ricci

Voici 453 ans, le 6 octobre, naissait Mathieu Ricci ou si l'on veut Matteo Ricci (1552-1610), missionnaire italien, membre de la Compagnie de Jésus, mort à Pékin le 11 mai 1610.

Selon Lionel M. Jensen (Manufacturing Confucianism: Chinese Traditions and Universal Civilization. Durham : Duke University Press, 1997. xix, 444 pp.), c’est bien lui qui aurait forgé à partir du chinois Kongfuzi 孔夫子, la latinisation "Confucius" maintenant incontournable pour parler du sage Chinois. Jensen n’est certes pas le seul, ni du reste le premier à défendre cet avis. On retrouve cette affirmation un peu partout et également dans la notice de Wikipedia qui offre en prime le nom chinois sous lequel le vénérable jésuite s’est fait connaître, soit Li Madou 利馬竇.

Il n’empêche que l’Histoire de l’expédition chrétienne au royaume de la Chine (1582-1610) (Desclée de Brouwer/Bellarmin, 1978, 742 pp.) traduction française de la traduction latine (“souvent infidèle”, dixit Jacques Gernet, 1973) par le Père Jésuite belge Nicolas Trigault (1577-1628) de la version originale en italien de Ricci, utilise une autre transcription, savoir Confutius. En voici deux courts extraits :

De la variété des sciences plus nobles, ils n'ont quasi connaissance que de la seule philosophie morale. Car ils ont plutôt obscurci la nature de diverses erreurs qu'ils ne l'ont éclaircie. Or, d'autant qu'ils n'ont rien appris de la dialectique, ils traitent ces préceptes éthiques ou moraux sans aucun ordre de doctrine, mais la plupart avec sentences et ratiocinations confuses, autant qu'ils peuvent être guidés de la lumière infuse de nature. Le plus grand philosophe de tous les Chinois s'appelle Confutius, que je trouve être venu en ce monde cinq cents cinquante et un ans devant l'avènement de notre Sauveur Jésus Christ en terre et avoir vécu plus de septante ans. De telle sorte qu’il excitait un chacun à l’étude de la vertu non moins par l’exemple que par écrits et conférences, par laquelle façon de vivre il a acquis telle réputation entre les Chinois qu’on croit qu’il a surpassé en sainteté de vie tous les mortels autant qu’il en a eu d’excellents en vertu, en quelque lieu du monde que ce soit. Et certes, si on a égard aux paroles et actions qu’on lit de lui, nous confesserons qu’il cède à peu de philosophes ethniques [païens] et qu’aussi il en devance beaucoup. Pour cette cause, l’estime qu’on fait de ce personnage est si grande qu’aujourd’hui même les hommes de lettres chinois ne révoquent en doute chose aucune qu’il a dite, mais ils le croient tous également comme leur commun maître ; et non seulement les hommes lettrés, mais aussi les rois mêmes après tant de siècles passés le révèrent : mais toutefois à la façon des mortels et non comme ils adorent quelque déité. Et font paraître qu’ils ne sont pas ingrats, montrant combien il lui sont redevables pour la doctrine qu’il leur a enseignée. Car depuis tant de temps sa postérité est fort honorée de tous. Et les rois ont donné au chef de la famille par droit héréditaire un titre d’honneur non petit qui est suivi de très grands revenus, immunités et privilèges. (Chap. V., p. 94-95)

La secte des lettrés est (...) très ancienne en ce royaume. Cette-ci gouverne la république, a plusieurs livres et est estimée par-dessus toutes les autres. Les Chinois ne font pas choix de la loi de cette secte, ainsi ils la reçoivent ensemble avec l’étude des lettres et n’y a aucun de ceux qui étudient ou qui acquièrent des honneurs littéraires qui ne fasse profession d’icelle. Ils reconnaissent Confutius, duquel j’ai parlé ci-dessus, pour auteur et prince des philosophes. (p. 162)

La confusion est totale lorqu’on trouve dans les citations de l’original en italien, non pas Confucius, ni même Confutius, mais soit Confucio, soit Confuzio !
La solution réside sans doute dans la consultation Della Entrata Compagnia di Giesù e Christianà nella Cina (Introduction de la Compagnie de Jésus et du christianisme en Chine) qui a été rééditée en 2000 par Quodlibet, à Macerata lieu de naissance de Ricci)

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