samedi 13 mai 2006

Traduttore fedele

La recherche bibliographique sur internet réserve toujours à qui peut y consacrer un peu de temps, quelques jolies surprises. En voici une nouvelle preuve.

Je connaissais (depuis fort peu de temps, je dois l’avouer) l’existence d’une traduction italienne du Rouputuan. On la doit à Anna Maria Greimel qui traduisit le roman en 1973 sous le titre d’Il tappeto da preghiera di carne (Milan, Sonzogno, coll. “I classici dell’erotismo”, 383 p. avec une introduction de Renata Pisu).

La notice qui m’en a informé, en reste à l’idée ancienne et erronée que Li Yu aurait écrit le roman en 1934, à l’âge de 26 ans. Elle n’indique pas s’il s’agit d’une traduction originale d’après le chinois ou bien, plus vraisemblablement, réalisée à partir d’une traduction déjà publiée. Si c’est effectivement le cas, ce pourrait être soit l’allemande de Franz Kuhn (Jou Pu Tuan : Ein Erotisch-Moralisher Roman aus des Ming-Zeit (1633). Hambourg, 1933), soit l’anglaise de Richard Martin d’après Kuhn (Jou Pu Tuan. The Prayer Mat of Flesh. New York, 1963) soit la française publiée chez J.-J. Pauvert en 1962 , La chair comme tapis de prière, comme le laisse supposer le titre retenu. Les autres traductions parues depuis (P. Hanan, The Carnal Prayer Mat, NY, Ballantine, 1990 - la meilleure - ; Corniot, 1991 ; Voskrisenski, 2000) sont naturellement toutes hors de cause.

J’ai aussi récemment trouvé la référence à la traduction italienne que Roberto Buffagni avait donné, sous le titre d’Una torre per il calore estivo, de A Tower for the Summer Heat recueil de six nouvelles tirées du Shi’er lou de Li Yu traduites par Patrick Hanan (NY, Ballantine, 1992).

La notice mise à disposition par le site Tuttocina.it [Il portale sulla Cina] signale du reste qu’il s’agit d’une traduction de l’anglais [Traduzione (dall’inglese)]. L’ouvrage de 240 pages, a été publié à Milan, par les éditions Feltrinelli, dans une collection intitulée “Universale economica” en 1994.

Mais, quale sorpresa ! de trouver, sur le même site, la référence à un petit volume de 46 pages proposant une traduction italienne d’un conte des Wushengxi de Li Yu et surtout de découvrir son titre qui en rappelle un autre :

A marito geloso moglie fedele

Autore : Li Yü ; Editore : Meravigli, Vimercate ; Collana : Libri di Una sera ; Prima edizione : 1994 ; Pagg. : 46 ; Traduzione e introduzione : Valentino De Carlo

Vengono scomodati anche gli dèi e i testimoni defunti per risolvere una complessa vicenda giudiziaria che vede contrapposti un marito geloso e la moglie sospettata di averlo tradito. Il giudice Bao saprà ricomporre la lite con molta astuzia: la pace familiare verrà ristabilita e l’onore dei coniugi sarà salvo. Li Yü (1611-1680), grande narratore della letteratura cinese classica, ci offre un testo divertente in cui si prende gioco con ironia del rapporto tra i sessi e delle buone convenzioni sociali.

Le résumé proposé montre bien que le conte en question est celui qui raconte comment la femme d’un bachelier, accusée d’adultère par un plaisantin, intente un procès à son mari , risible cocu imaginaire, pour retrouver son honneur perdu. Chargé de l’affaire, le Juge Bao doit en appeler aux esprits pour raccommoder les époux désunis. Mais rien n’est dit de la traduction.

Le site de la librairie Marco Vasta, ne donne pas non plus d’indication d’un emprunt possible à une traduction française déjà existante, savoir “A mari jaloux, femme fidèle”, ma traduction d’un conte du deuxième volume des Wushengxi parue chez Picquier dans le volume paru sous ce titre en 1990 (pp. 91-132).

Le lien entre les deux traductions semble évident, car ce titre arrêté au dernier moment voici 16 ans [contre une autre option qui était “Le cocu imaginaire”], ne figure pas dans le texte de Li Yu. Pour l’heure, je ne sais pas si Valentino De Carlo s’est ou non seulement contenté de s’inspirer du titre. Je suis impatient d’en avoir le cœur net.

Justement, sur son site de vente en ligne, la Libreria Rinascita (librerieitaliane.net) le propose toujours, mais chez un autre éditeur, La Spiga, à 1,55 €. Il est même annoncé “Disponible”. Pourquoi se priver ?

En attendant, j'ai mis en ligne une page proposant une trentaine de couvertures de livres offrant des traductions de Li Yu. On peut la consulter en cliquant >> ici <<.

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