lundi 18 décembre 2006

No comment

Au rythme où je me penche sur ce blog, je pense que ce billet sera le dernier de 2006. C'est aussi le centième. Pour finir cette année en beauté, je reproduis ici un courrier reçu ce jour. Il ne nécessite aucun commentaire. Le voici donc dans sa rafraîchissante spontanéité, mais débarrassé de toute marque permettant d'identifier son auteur(e), et, qui plus est, accompagné de tous mes vœux :

Cher Monsieur,

Quelle joie de trouver vos coordonnées grâce à un ami, Xxxxx Xxxxxx, qui s'occupe du "rayon" Chine ancienne sur le site de l'université de Xxxxxx au Xxxxxx ! J'habite à St xxxxx xxx xxxxx à côté de Xxxxxx et j'ai fait mes études à X. Or, ne voilà-t-il pas que j'ai entrepris d'écrire un roman sur la vie de Confucius!
Et je voulais savoir quelle était la date officielle de la naissance de ce cher grand homme. Xxxxx, en cherchant, est tombé sur votre site. Quelle merveille cela peut être pour moi, si cela ne vous ennuie pas, de vous poser
des questions sur cette époque passionnante. Mais ce petit mot n'est qu'un premier pas pour faire votre connaissance. Je vous parlerai ensuite de mon projet qui a pour titre "Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx." car j'en suis à la page 200 environ et confucius n'est pas encore né! L'arrière plan féodal et tous les personnages que l'on découvre dans le Tchouen ts'iou et beaucoup d'autres textes que j'ai téléchargés!, est pour moi une mine inépuisable! Bref j'envisage d'être le Walter Scott de Confucius car j'ai évidemment de ce grand homme un peu coincé une vision plus romanesque; je ne voudrais pas, cependant, tout en gardant ma liberté de romancière farfelue, proposer des non-sens.Il est bien évident que ce que l'on sait de Confucius ne compose que de petits pointillés et que j'ai envie parce que sa générosité anti-taoïste ne peut être que saluée (vouloir s'occuper des autres, quel admirable choix mais si pesant!), lui composer un long portrait plein d'amour et de fantaisie. Pourquoi me suis-je intéressée à Confucius? Vraiment, on se le demande car, il y a encore quelques années je savais tout juste où la Chine se trouve sur le globe terrestre!
J'espère que vous pourrez me consacrer quelques atomes de votre temps précieux!
Amicalement.Xxxxx Xxxxxxx.

'No comment' (suite). Ma réponse à la précédente missive a suscité un nouvel envoi que voici :

Merci beaucoup de votre rapide réponse. J'ai lu,en effet par curiosité, tous les romans sortis sur Confucius et ils sont gravement nuls. Ce qui est la fois un bien et un mal puisque cela signifie que je n'ai à craindre aucun concurrent... parce que la tâche est ardue.. J'ai lu le "Confucius" de Lévi. Je lui ai même emprunté l'idée de faire de la mère de Confucius une chamanesse, ce qui m'a permis d'inventer une scène de danse du dragon hautement sexy. Quant à la date de naissance du grand homme, il faut bien qu'il naisse un jour donné, je tiens à ce que cela se passe neuf mois après le printemps car, j'imagine sa conception lors d'une fête à la Granet, suivi d'un petit tour sur la colline N'qiu!
Merci encore. Amicalement. Xxxxxx.

vendredi 1 décembre 2006

Supprimer l'auteur

La commande en ligne de livres est rendue d'autant plus indispensable qu'on habite loin d'une véritable librairie. Amazon s'impose comme l'interlocuteur idéal : choix immense, rapidité et efficacité, voire même parfois gratuité, du service. Disposer dans un temps assez court de livres inaccessibles à Marseille est, pour moi, largement suffisant, mais la société offre plus et multiplie les services inutiles. A quoi bon cet onglet qui ouvre une page pompeusement appelée "Chez Kaser", page qui me renvoie un écho déformé des achats déjà réalisés, avec des propositions en phase avec mes goûts supposés. Quand celui - ou celle - qui commande un livre de Jean Lévi se voit proposer, quasi magiquement, le Contre François Jullien de Jean-François Billeter (Allia, 2006), ce sont plus de 90 % des suggestions qui tombent à plat.

Mais le génie d'Amazon ne s'arrête pas là puisqu'une commande [voir illustration] permet de réaliser le rêve de la critique littéraire du siècle passé, savoir "supprimer l'auteur". N'en font-ils pas un peu trop ?

Bon trêve de plaisanterie. Il est certes rageant de vivre loin des bonnes librairies, mais encore plus de se trouver à 773,4 km du Collège de FranceAntoine Compagnon donnait hier sa leçon inaugurale. Le provincial n'a plus qu'à se satisfaire des rares échos de l'événement (ici et ) et à attendre patiemment qu'Amazon mette à sa disposition la publication de la dite leçon et les prochaines publications de celui qui occupe dorénavant la chaire de Littérature moderne et contemporaine : Histoire, critique, théorie de la prestigieuse institution qui est encore à mille lieux de podcaster ses cours !