mardi 3 août 2010

Les harmoniques de l’écriture

Préface d’Aldous Huxley (1894-1963)
à la traduction par Jules Castier de
Brave New World
sous le titre Le Meilleur des mondes.
(Non datée, extrait)

« Tout livre est le produit d’une collaboration entre l’écrivain et ses lecteurs. Se fiant à cette collaboration, l’écrivain suppose l’existence, dans l’esprit de ses lecteurs, d‘une certaine somme de connaissances, d’une familiarité avec certains livres, de certaines habitudes de pensée, de sentiment et de langage. Sans les connaissances nécessaires, le lecteur se trouvera inapte à comprendre le sujet du livre (c’est le cas ordinaire chez les enfants). Sans les habitudes appropriées de langage et de pensée, sans la familiarité nécessaire avec une littérature classique, le lecteur ne percevra pas ce que j’appellerai les harmoniques de l’écriture. Car, ainsi qu’un son musical évoque tout un nuage d’harmoniques, de même la phrase littéraire s’avance au milieu de ses associations. Mais tandis que les harmoniques d’un son musical se produisent automatiquement et peuvent être entendus de tous, le halo d’associations autour d’une phrase littéraire se forme selon la volonté de l’auteur et ne se laisse percevoir que par les lecteurs qui ont une culture appropriée.
Dans une traduction les tons seulement sont entendus, et non leurs harmoniques - non pas, en tout cas, les harmoniques de l’original ; car il va sans dire qu’un bon traducteur essaiera toujours de rendre cet original en des mots qui ont, pour le nouveau lecteur, des harmoniques équivalents.
Il y a pourtant certaines choses qu’aucun traducteur ne peut rendre, pour la bonne raison qu’il n’existe, entre lui et l’auteur de l’original d’un côté et les nouveaux lecteurs de l’autre, aucune base de collaboration. Certains passages de ce volume appartiennent à la catégorie des choses intraduisibles. Ils ne sont pleinement significatifs qu’à des lecteurs anglais ayant une longue familiarité avec les pièces de Shakespeare et qui sentent toute la force du contraste entre le langage de la poésie shakespearienne et celui de la prose anglaise moderne (...) »

lundi 26 juillet 2010

Aldous Huxley (1894 -1963)

(26 juillet 1894 - 22 novembre 1963)
Interview avec Mike Wallace en 1958 : 1, 2 & 3.

dimanche 25 juillet 2010

Shosho

Anna May Wong [Wong Liu Tsong 黃柳霜 (Huang Liushuang)] (1905-1961) dans Piccadilly (1929) à voir sur Tudou.com, ici et .

dimanche 30 mai 2010

Bennett or not Bennett



John Godolphin Bennett (8 Juin 1897– 13 Décembre 1974)

samedi 29 mai 2010

Mieux vaut en rire


La citation du jour :
« Faut-il répondre par une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l'Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? »
Charles Beaudelaire, De l'essence du rire. (1855)
[Paris, Edition Sillage, 2009, p. 7]

samedi 30 janvier 2010

Mambo Manchu


Hasard de la distribution postale, ou signe du destin ? Je reçois justement le matin de mon cinquantième anniversaire, ce troisième volume des aventures de Nayland Smith et du redoutable Docteur Fu Manchu : Les Mystères du Si Fan (Zulma), dans la nouvelle traduction d'Anne-Sylvie Homassel. La journée s'annonce bien : lecture plaisante sur un air de Mambo -- le bonheur parfait ! Merci ASH !

mardi 12 janvier 2010

Le fond du ciel à minuit

'Ah," said Barris, rousing himself with an effort and raising his sunken eyes, "I am using the allegories of another land; let it pass. Have I not told you of the Kuen-Yuin? Yian is the centre of the Kuen-Yuin. It lies hidden in that gigantic shadow called China, vague and vast as the midnight Heavens,—a continent unknown, impenetrable."

"Impenetrable," repeated Pierpont below his breath. [-]

«... - Ah ! dit Barris, se reprenant avec peine et relevant ses yeux égarés, j'emploie les allégories d'un autre pays. Ne vous ai-je pas parlé des Kuen-Yuin ? Yian est le centre des Kuen-Yuin. Elle s'étend au fin fond de cette gigantesque et ténébreuse contrée, la Chine, continent inconnu, impénétrable, aussi mystérieux et aussi vaste que le fond du ciel à minuit.
- Oui, impénétrable, répéta Pierpont à mi-voix.
.... »

Robert W. Chambers (1865-1933),
Yue Laou. Le Faiseur de lunes.
Cadillon, Le Visage Vert, 2009, p. 56.